Poétique et prophétique
Le personnage de Lanza del Vasto est pour moi un grand souvenir de ma jeunesse en Suisse quand j’ai découvert, avec une amie, sa prose poétique qui m’a tout de suite frappée par sa beauté et sa profondeur prophétique. J’ai même gardé le poème des Litanies à la Vierge qu’elle avait copié pour moi dans le recueil de La Marche des rois.
Alors que j’étais étudiante à Paris en 1946, toujours admirative de sa poésie, je suis allée à la rencontre de Lanza del Vasto en participant, dans la crypte de l’église Saint-Paul, à une réunion qui m’a paru alors presque secrète, au cours de laquelle il commentait les Évangiles pour un groupe restreint d’assidus, assis à même le sol autour de lui, avec sa mère présente, présidant la réunion, assise dignement sur le seul fauteuil. J'ai juste serré la main de l'orateur, pétrifiée par ma timidité devant lui.
Je me souviens aussi d’une réunion officielle qui avait été organisée à la suite de l’assassinat de Gandhi le 30 janvier 1948, pour lui rendre hommage. Je m’y suis rendue, certaine de rencontrer Lanza del Vasto, car je connaissais son engagement dans la non-violence qu’il avait mûri auprès de Gandhi. Ce fut le cas, pour mon bonheur, malgré la triste circonstance.