Le Chiffre des choses
Recueil unique dans lequel Lanza del Vasto a rassemblé l’essentiel de son œuvre poétique. Enrichi, au fil des années, de textes et de commentaires, il représente bien plus qu’une œuvre littéraire. L’auteur y met en œuvre une vision du monde attentive à ses harmonies, ses correspondances, sa profondeur spirituelle et symbolique. Ainsi le poème inaugural, « Le Vitrail », se présente comme une méditation métaphysique sur le sens de l’existence humaine. Mais la portée religieuse de ce texte et de nombreux autres n’ôte rien à la sensibilité charnelle avec laquelle Lanza célèbre la beauté du corps féminin, de l’arbre, des collines sous le ciel… Plusieurs poèmes en forme d’autoportrait (« Le Soliloque d’Uccello », « Portrait de Chrysogone ») sont riches de contenu philosophique.
Présentation
Depuis sa première édition en 1937, ce livre a été plusieurs fois corrigé et augmenté jusqu'à la quatrième édition, de 1972, qui comporte en appendice des commentaires de Luc Dietrich et des cantilènes de Lanza del Vasto.
Les premiers poèmes du recueil, de même que les derniers, attestent la foi de l'auteur en l'au-delà et la résurrection. Les autres poèmes se penchent sur le monde et la diversité des créatures : plantes, bêtes, hommes, paysages. Partout dans l'univers, le poète tente de pénétrer l'essence des choses et des êtres :
« Et je me suis glissé sous l'écorce des arbres,
J'ai rabattu sur moi mille paupières vertes,
Et d'un seul trait j'ai bu l'extase végétale. »
Comment caractériser le style poétique de Lanza del Vasto ? La longueur de ses vers est assez libre, mais leur rythme est régulier, de même que les rimes et surtout les assonances. Même en prose, l'auteur est toujours attentif à ce qu'il appelle la « rime intérieure ».
Par ailleurs, sa langue évite tout maniérisme et obscurité, préférant être concrète et claire, quoique riche de symboles. Ainsi dans le quatrain intitulé « La maison de vent » :
« J'ai ma maison dans le vent sans mémoire,
J'ai mon savoir dans les livres du vent,
Comme la mer j'ai dans le vent ma gloire,
Comme le vent j'ai ma fin dans le vent. »
De façon plus solennelle, citons cet autre quatrain intitulé « Credo » :
« Je crois en Toi, Dieu qui dort dans la pierre,
Rêves dans l’arbre, aspires dans la bête,
Aimes dans l’homme. En meurs. Et dont la tête
Perce le ciel et passe la lumière. »
La poésie, en effet, a pour Lanza une portée spirituelle et même éternelle, comme il le suggère dans le « Liminaire » du recueil :
« …Car ces mots ne sont pas du vent battu
Puisqu’aucun d’eux ne délire ou ne ment,
Mais bien mon corps sans chair sorti, vois-tu,
Pour devancer le jour du Jugement. »
Ainsi le poème est le « corps de gloire » du poète, son visage transfiguré. S'il en est ainsi, on peut penser que la poésie de Lanza del Vasto a de l'avenir et lui survivra – même si elle n'est pas à la mode du moment, qui est sibylline et quelque peu déconstruite. Lanza, lui, reste un « classique ». Mais n’est-ce pas un gage de pérennité ?
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
Le Chiffre des choses. Marseille : Robert Laffont, 1942. 2 volumes de 120 pages chacun
Par Lanza del Vasto.
Type d'ouvrage : Recueil.
Réédition(s) :2e éd., Paris, Robert Laffont, 1946, 242 p. ; 3e éd., revue et augmentée, avec le commentaire de Luc DIETRICH et les Cantilènes, Paris, Denoël, 1953, 318 p. ; 4e éd., corrigée et augmentée, Paris, Denoël, 1972, 336 p..